Galilée fut probablement le premier à examiner attentivement comment
les objets tombent vers le bas, vers le sol. La légende dit qu'il montait
au sommet de la tour penchée de Pise et làchait simultanément des boules
lourdes et légères. Il constata qu'elles touchaient la terre en même
temps. Il a ainsi démontré que, contrairement à certaines convictions
antiques, tous les objets ("corps"), lourds ou légers, tombent a la même
vitesse. Les études de Galilée ont suscité un grand intérêt, parce
qu'elles s'appliquaient non seulement aux simples chutes ( telle que la
chute d'une pomme d'un arbre ) mais aussi au très pratique sujet de la
trajectoire des boulets de canon.
Accélération
Un objet abandonné à lui même commence sa chute très lentement, puis
augmente ensuite fortement sa vitesse, il accélère de façon
continue avec le temps. Galilée a montré que (si on néglige la résistance
de l'air) les objets, qu'ils soient lourds ou légers, accélèrent au
même taux constant lorsqu'ils tombent, c.-à-d. que leur vitesse
"vélocité") augmente à un taux constant. La vitesse d'une boule
tombant d'un endroit élevé augmente chaque seconde d'une quantité
constante, habituellement notée par la lettre minuscule g (pour
"gravité"). En unités modernes (et en employant les conventions
algébriques, ou les symboles des nombres simplement multipliés sont l'un à
cùté de l'autre) la vitesse est :
au début -- 0 (zéro)
après 1
seconde g mètres/seconde
après 2 secondes 2g mètres/seconde
après 3 secondes 3g mètres/seconde
et ainsi de suite. Cela est modifié par la résistance de l'air, qui
devient importante à des vitesses plus élevées et fixe habituellement une
limite supérieure ("vitesse terminale") à la vitesse de chute, une limite
beaucoup plus petite pour quelqu'un muni d'un parachute que pour celui qui
n'en a pas!
Le nombre g est proche de 10, avec plus de précision 9.79 à
l'équateur, 9.83 au pùle, et des valeurs intermédiaires dans l'intervalle,
et il est connu comme "accélération de la pesanteur." Si la vitesse
augmente de 9.81 m/s chaque seconde (une bonne valeur moyenne), on dit que
g est égal à "9.81 mètres par seconde par seconde", ou en raccourci
: 9.81 m/s2.
Ajout d'une vitesse initiale
Supposons que l' on a donné à la boule une vitesse initiale u
vers le haut ou vers le bas. Si les distances vers le
bas sont choisies positives, la vitesse due à la pesanteur sera
toujours positive, et alors u sera positif si il est dirigé
vers le bas, négatif si il l'est vers le haut.
Avec cette convention, les observations montrent que u doit toujours être ajouté à la vitesse due à la pesanteur, comptée en
secondes consécutives (comme dans la liste ci-dessus)
u, u+g, u+2g, u+3g . . .
et en général, après t secondes, avec gt signifiant "g fois t"
u + gt.
La Distance parcourue
La distance parcourue par la boule peut s'assimiler à celle couverte
par une boule de vitesse"moyenne" ,"vitesse
vmoyenne", égale à la moitié de la somme des
vitesses de départ et d'arrivée. La vitesse de la chute de
la boule de l'exemple précédent, après t secondes , serait
v(moyenne) = (1/2)[u +
(u+gt)]
et la distance parcourue :
distance = t v(moyenne) = ut + (1/2)
gt2
Expérimentation de Galilée
Le livre "la part de Dieu" par le prix Nobel Léon Lederman, avec Dick
Teresi, (un bon livre, si vous tolérez son attitude irrévérencieuse et son
humour primaire) indique que Galilée a démontré que le mouvement de haut
en bas d'une boule soumise à la pesanteur présente une accélération
constante, et qu'à partir de l'immobilité (u = 0) ), les distances
parcourues augmentent proportionnellement au carré du temps
passé.(comme il est montré dans la formule ci-dessus)
Une chute verticale étant trop rapide pour que Galilée la mesure
exactement, il ralentissait la boule en la faisant rouler sur un plan
incliné. D'un bout à l'autre de la surface de celui ci, il disposait un
certain nombre de fils horizontaux tendus, laissant entendre un "clic" à
chaque fois que la boule en franchissait un. Galilée déplace alors les
fils sur le parcours, jusqu'à obtenir des clics également espacés dans le
temps.
L'accélération, maintenant devenue a "(très inférieure à
g) et le temps t ,sont mesurés gr'ce aux clics, selon la
formule ci-dessus, la boule étant au repos au début (u= 0). On
obtient une distance S couverte de :
Après un clic S = (a/2) 12= a/ 2
Après deux S = (a/2)
22= 2a
Aprés trois S = (a/2)
32= 4.5 a
et ainsi de suite. Le rapport entre les distances devait être la suite
des carrés 1, 4, 9, 16, 25.. . et c' est ce que Galilée a confirmé. En
comptant les clics ( pas de chrono à cette époque), en tenant compte de
l'angle de la pente ,et également du fait que la boule roule (une
théorie inconnue au temps de Galilée), on pourrait même en principe
calculer g à partir de a.
Une expérience semblable à
celle de Galilée, facile à exécuter, est décrite à la fin de ce chapitre.
Chutes d'eau et ...Baseballs
Si on a donné en outre à la boule une vitesse initiale
horizontale w,son mouvement horizontal continue sans
difficulté, avançant chaque seconde d'une distance w , même pendant
la chute de la boule (la résistance de l'air est ici négligée). Les deux
mouvements ont lieu simultanément, et la boule suit une courbe dont la
pente s' accentue graduellement, parce que la vitesse de haut en bas
continue à augmenter ,et non la vitesse horizontale. C'est le trajet des
gouttes d'une chute d'eau, donnant à la section transversale de celle ci
sa forme caractéristique. (à gauche)
Cette situation est exploitée à plusieurs reprises dans la série
de dessins animés "Road Runner", où Wily Coyote franchit le bord d'une
falaise, et s'immobilise dans l'espace (comme si il réfléchissait), puis
tombe vers le bas - C' est une invention fantaisiste, tout à fait
contraire aux lois de la physique. En fait les deux mouvements sont
toujours simultanés. De même, une balle tirée d'un fusil vers une cible
commence à tomber dès qu'elle quitte le canon . Le réglage des mires du
fusil en fonction de la distance décale la trajectoire au-dessus de la
ligne de visée, de sorte qu'à la distance appropriée, la chute de la balle
la mène sur la cible.
Avec une pierre jetée vers le haut, u est négatif, mais aussi
les distances verticales au-dessus du point de lancement. Dans ce cas,
considérons que û = -u est un nombre positif. Alors ,après
t secondes
vitesse = ( - û + gt) m/s
Au début, t est petit et la vitesse diminue, pendant que la
pierre se dirige vers le haut. Lorsque :
gt = û
leur somme est nulle et pour un très court moment la pierre est
immobile, au sommet de la trajectoire. A cet instant:
t = û/g
et en appliquant cette valeur à la formule de la distance, on trouve
aussi sa hauteur. Si en plus on ajoute à ce mouvement la vitesse
horizontale, constante, w, le trajet d'une balle de base-ball ou
d'un boulet de canon est calculable.
A propos de la résistance de l'air
Les formules ci-dessus ne sont valables que pour des boulets de canon
"idéaux", non soumis à la résistance de l'air. En pratique , celle ci
modifie le mouvement et doit être prise en considération, particulièrement
pour la chute d'un léger objet, comme une plume. Pendant des siècles, une
démonstration de science populaire montrait qu'une pièce de monnaie et une
plume abandonnées simultanément à l'intérieur d'un tube de verre, ou le
vide avait été fait, tombent en même temps.
Une démonstration similaire a été également pratiquée à la surface de
la lune par David Scott, un des astronautes d'Apollo. Non seulement la
lune n'a aucune atmosphère, mais sa pesanteur est plusieurs fois plus
faible, rendant une chute plus lente et plus facile à observer. Devant la
caméra, l'astronaute a simultanément laissés tomber son marteau de
géologie et une plume, et les spectateurs, sur terre, devant leurs écrans
de TV, les ont vus tout deux tomber en même temps.
D'après ce que l'on raconte, il aurait essayé une première
fois cette expérience hors de la caméra, juste pour s'assurer que cela
fonctionnait. Et ça n'a pas réussi ! L'électricité
statique avait collé la plume au gant de la combinaison spatiale ! En
travaillant plus éloigné de celle ci, Scott s'est fait photographier, et
alors, la démonstration a parfaitement réussie.
(C' est
probablement une légende moderne, mais en tout cas, cela valait la peine
d'être raconté ! )